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Op-ed Jan Zijderveld : Un moteur de durabilité ?

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Transformer le potentiel de l’Union Européenne en pratique

L’année dernière, les Nations Unies ont franchi une étape importante : adopter l’agenda global d’ici 2030. Dans le but de faire des Objectifs de Développement Durable (aussi appelés SDG’s ou « Global Goals ») une réalité, de nouveaux modèles économiques sont nécessaires afin de générer davantage de croissance durable, équitable et inclusive.

Dans le contexte des Objectifs de Développement Durable, l’Europe manifeste un besoin urgent de croissance. L’une des preuves les plus tangibles de ce constat est que les Investissements Directs à l’Etranger en Europe connaissent une baisse de 72% depuis le pic de 2007.

De plus, en dépit des taux d’intérêt historiquement bas, d’une énergie peu chère et des stimulations monétaires, les gens manquent de confiance pour investir. Dans ce contexte européen actuel de croissance démographique faible, de reprise économique basse et de déflation, nous avons besoin d’une nouvelle courbe de croissance. Cependant, les gouvernements faisant face aux défis de l’immigration et de la sécurité, peinent à dédier du temps politique et de l’investissement nécessaires pour impulser la renaissance économique de l’Europe.

Ce qui est le plus décevant compte tenu du fait que l’Europe soit bien placée pour réaliser cela, c’est qu’elle produit encore 25% du PIB mondial grâce à une main d’œuvre très qualifiée et créative, un système de propriété intellectuelle fort et des bastions industriels solides. Le rapport global 2015 de la compétitivité du Forum Economique Mondial a répertorié pas moins de 6 pays Européens dans le top 10 dont 5 sont des membres de l’Union Européenne.

Cela ne fait aucune doute que l’Europe ait été un terreau fertile pour de nombreuses grandes marques dans le monde, allant de voitures iconiques, au secteur de la mode, de l’alimentation, des marques de cosmétiques et beaucoup d’autres encore. Ces marques sont les moteurs de l’innovation par excellence et elles répondent aux demandes de durabilité de la part des consommateurs. Nous savons que 72% des consommateurs en Allemagne et en France sont enclins à changer de marques pour d’autres porteuses d’engagements forts sur la durabilité. C’est une opportunité en or!

De plus en plus, nous voyons des entreprises mettre la priorité sur l’agenda de la durabilité pour devancer la concurrence. Unilever opère maintenant sur un nouveau modèle économique établi par son Plan pour un Mode de Vie Durable qui, dans le même temps, contribue aux Objectifs de Développement Durable.

Les résultats économiques nous le prouvent : les marques qui intègrent le développement durable croissent deux fois plus rapidement avec 2 points de marge brute en plus que les autres marques. Les marques Unilever qui ont pavé la voie vers un Mode de Vie Durable comme Dove, Lifebuoy, Ben & Jerry’s et Comfort ont une dynamique de croissance au-delà de la moyenne. Et l’histoire ne s’arrête pas là : intégrer les mesures d’éco-efficacité dans nos usines nous a permis de réaliser des économies de 400 millions d’euros.

Ces chiffres nous ont appris deux choses, la première est que le développement durable devient de plus en plus irréfutable. Et plus important encore, l’Europe présente tous les critères pour devenir le moteur de durabilité du monde, participant ainsi à créer un futur meilleur pour tous.

Les entreprises ont un rôle important à jouer en apportant de nouvelles idées et en générant l’esprit d’entreprenariat. Aux Pays-Bas, la coalition néerlandaise pour la croissance durable a été établie par plusieurs multinationales néerlandaises, comprenant Philips, DSM, Heineken, ainsi que la représentation des employeurs néerlandais VNO-NCW, afin d’augmenter la sensibilisation et d’encourager l’action pour promouvoir la croissance durable.

Ce dont nous avons besoin est d’une initiative similaire au niveau européen afin de conduire une stratégie de croissance autour de 5 critères clés :

1. L’eau, gérer l’accès à l’eau pour tous (en excès, en pénurie, eau potable)

2. L’alimentation, des ressources durables pour nourrir 9 milliards de personnes décemment

3. L’énergie, réduire de moitié la consommation d’énergie à travers un écosystème efficace de gestion énergétique

4. L’urbanisation, construire des villes durables, joyeuses, multiculturelles et intelligentes

5. Le vieillissement en bonne santé, améliorer la santé pour tous et un vieillissement sain et heureux

Nous devons réaliser cela vite et à grande échelle. Les entreprises ont un rôle à jouer tout comme les gouvernements. Ils peuvent inciter l’investissement en formulant (et en impulsant) des politiques ambitieuses avec des objectifs clairs concernant entre autres, l’approvisionnement durable, l’énergie renouvelable, le recyclage des déchets et en assurant des procédures plus rapides d’approbation des innovations.

De plus, les gouvernements doivent passer à l’acte à travers des programmes d’approvisionnement publics plus verts qui leur permettront d’agir en tant qu’initiateurs dans bien des domaines. Ceci ne pourra que séduire le capital d’investissement privé, toujours à la recherche de futures opportunités de croissance.

Dans les 100 jours restants de sa présidence de l’Union Européenne, il y a une belle opportunité pour le gouvernement néerlandais – qui a identifié l’innovation et la création d’emplois comme étant les priorités de l’Union Européenne - de créer un soutien pour une nouvelle stratégie de croissance. L’objectif est de créer un agenda européen d’innovation et d’investissement avec le développement durable au cœur de sa stratégie et en utilisant les Objectifs de Développement Durable comme inspiration.

Une Europe, qui serait mue par ces valeurs, pourrait montrer la voie : « Allons-y et réveillons le potentiel économique européen en consolidant la durabilité là où elle rapporte le plus ».

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